Il en faut du temps pour faire un véritable disciple …
Dans l’Evangile de ce dimanche, nous assistons à un exorcisme spectaculaire. Mais, ce qui frappe les gens, ce n’est pas cette œuvre mais l’enseignement de Jésus. La guérison (comme bien souvent dans l’Evangile) vient renforcer l’autorité avec laquelle Jésus parle et ce qu’il porte comme message. Et là, il s’agit, dans leur expérience, de quelque chose d’absolument nouveau : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! » Mais qui est-il donc cet homme ? L’évangéliste St Marc vient nous donner le style propre de son œuvre. « Tu es le Saint de Dieu » dit l’homme tourmenté. Et Jésus lui demande de se taire. St Marc veut nous faire comprendre qu’il en faut du temps, de la patience pour prononcer ces mots sur l’identité de Jésus. Marc veut nous faire comprendre que Jésus ne veut pas que nous soyons trompés dans nos pensées, nos impressions premières. Le témoignage de l’accompagnement des catéchumènes nous fait découvrir cela. Il faut du temps et toute la tradition spirituelle de l’Église porte cela : il faut du temps pour cheminer vers le baptême, discerner une décision lourde et grave. Il faut du temps pour prononcer avec toute sa densité la phrase : Jésus de Nazareth est Dieu. Ce Dieu qui vient se révéler en notre humanité. Les mots de nos symboles de foi (Credo) sont d’une densité d’expérience spirituelle de l’Église et nous n’aurons jamais fini de les méditer justement à travers la lecture de l’Écriture. C’est la première phrase de l’Evangile de Marc : « Commencement de l’Evangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » On ne mesure peut-être pas assez la puissance de cette phrase. C’est tout l’Evangile qui est résumé. Mais il faudra passer par l’itinéraire entier proposé par St Marc. Jésus en ses œuvres et ses paroles, et au plus haut point sur la Croix, nous apprend qui est Dieu, qui il est et qui nous sommes. Alors nous pourrons dire à notre tour ce que dit l’Antienne de l’Evangile de ce jour qui est une citation d’Isaïe : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. » Et pourtant l’humanité avait déjà reçu des lumières mais, en Jésus, Christ, elle goûte une lumière inédite, tout à fait nouvelle. Jésus vient me libérer pour une humanité totalement nouvelle. Notre méditation de l’Écriture n’en sera que plus profonde si nous nous posons cette question de l’Evangile : « qu’est-ce que cela veut dire ? » En entrant dans la prière, demandons l’Esprit Saint afin qu’il éclaire le cœur de ses fidèles. Ou encore, demandons au Seigneur qu’il nous interprète l’Écriture comme il le fait pour les disciples d’Emmaüs (Cf. Lc 24, 27).
Bon dimanche,
Père Jean-Baptiste